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Le Bas-Canada vers 1820

Le Bas-Canada  vers 1820

Le Québec vers 1905

Le Québec  vers 1905

Changement

Le Bas-Canada  vers 1820

L'agriculture, c'est pas toujours facile!

L'intérieur d'une maison
Creative Commons (BY-NC-SA) / Archives de Montréal / Album Jacques Viger : souvenirs canadiens..., p. 109

Mon cher oncle curé,


Est-ce que je pourrai cultiver la terre de mon père? Notre famille est établie ici depuis plus de 100 ans. De père en fils, de mère en fille, vous savez que nous avons défriché, cultivé, construit une maison de bois puis une grande maison de pierre. À la fin du 18e siècle, mon grand-père a profité des bons prix du blé pour devenir un peu plus riche. Vous et votre frère Joachim avez eu la possibilité d'aller au collège. Vous êtes devenu prêtre et oncle Joachim est devenu notaire. Des fils de paysans pouvaient enfin faire partie des gens éduqués.

Depuis quelques années, comme vous le savez, nous avons plus de problèmes à joindre les deux bouts. En 1816, les récoltes ont été très mauvaises. Il a fait tellement froid tout l'été qu'il a neigé en juin. Nous n'avions pas assez de blé pour nous nourrir ou même pour semer l'année suivante. Mon père a dû emprunter de l'argent pour acheter de la farine et des graines pour la semence.

Les récoltes ne sont pas encore aussi bonnes qu'il y a 20 ans. On dirait que les étés sont plus courts.

 

Que faire pour changer les choses? On cultive encore comme nos arrière-grands-parents : du blé, de l'avoine, des pois. Le seul engrais, c'est le fumier de notre bétail. Comme il n'y en a pas beaucoup, on l'utilise surtout sur le jardin potager pour faire pousser nos légumes. On cultive seulement la moitié des champs à chaque année pour laisser l'autre moitié se reposer un peu.

Il y a des Anglais qui nous disent qu'il faudrait des terres plus grandes, une meilleure charrue et une meilleure herse. Mais pour ça, il faudrait de l'argent. Nous n'avons pas encore réussi à rembourser le prêt de 1816. Ça prendra du temps pour changer l'agriculture ici.

J'espère que, quand je serai marié, la terre de mes ancêtres pourra nourrir mes enfants. Un de mes cousins dit qu'il serait plus facile de travailler aux États-Unis. Moi, je mangerai des pommes de terre comme les Irlandais avant de quitter ma terre natale.

Votre neveu,
Philidor Quirion

Auteur :
Service national du Récit de l'univers social

Licence d'utilisation :
Attribution + Noncommercial + ShareAlike (BY-NC-SA)