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Le Québec vers 1905

Le Québec  vers 1905

À quoi sert une coopérative ?

Notice : pour Alphonse Desjardins, quels sont les avantages d’une coopérative?

Extrait :

« L’association est le levier par excellence. C’est là une vérité qui est loin d’être comprise par tous et en sa totalité. Appliquée parmi nous par ceux-là qui, à raison de leur situation sociale et de leurs ressources matérielles, sont les plus capables de se défendre et de lutter isolément, elle est négligée ou ignorée par ceux-là même qui devraient être les premiers à l’utiliser pour suppléer à leur faiblesse individuelle et économique. On s’associe pour améliorer les salaires et les conditions de travail, ce sont nos unions ouvrières, pour se venir en aide dans les crises de la vie familiale, par exemple, la maladie, l’accident et la mort, ce sont nos sociétés de secours mutuelles. […] Pourquoi donc ce qui est un excellent moyen pour atteindre ces divers buts ne seraient-ils pas employé avec autant d’avantages pour promouvoir et protéger des intérêts matériels qui se rattachent aux problèmes angoissants de la vie quotidienne des classes laborieuses?
    Nous allons essayer de démontrer que l’association économique leur est nécessaire pour triompher des dangers présents ou imminents et pour leur permettre d’améliorer leur situation matérielle. […]
Dans ce nouveau genre d’association, ce n’est plus le capital qui domine, qui fait la loi et règle tout, mais c’est la personne. Le capital n’est que l’accessoire, non le principal. Les personnes éprouvent les mêmes besoins, à la recherche des mêmes satisfactions légitimes, mais frappées de la même impuissance économique se réunissent, et par une entente basée sur la justice et l’intérêt de tous, forment ces sociétés où règne une parfaite égalité, où le plus humble sociétaire se sent à l’aise, étant protégé par le libre fonctionnement du principe même de l’association. La part d’influence dans la gestion et le contrôle de l’organisme est la même pour tous. Comme dans une société bien ordonnée, personne ne peut prétendre ni exercer par la force des choses et à son seul avantage, une prépondérance nuisible aux intérêts de la collectivité. Nous avons nommé la société coopérative. »

Source de l’extrait : Alphonse Desjardins, La Vérité, 24 septembre 1910. Cité dans Yvan Lamonde et Claude Corbo, Le rouge et le bleu : Une anthologie de la pensée politique au Québec de la Conquête à la Révolution tranquille, Montréal, PUM, 1999,
p. 321-322.